lundi 26 novembre 2012

Utagawa Hiroshige, l'art du voyage

Affiche de l'exposition proposée par la Pinacothèque.

Alors que son œuvre a inspiré nombre d'Occidentaux, on ne sait pas grand chose d'Hiroshige (1797-1858), sinon qu'il est né à Edo (actuelle Tokyo), qu'il eut des responsabilités assez tôt auprès du palais du shogun Tokugawa après le décès de ses parents et que son rôle de gardien du feu lui laissait beaucoup de temps pour dessiner et voyager.

Verger de pruniers au crépuscule.

C'est dans ce contexte qu'il entra à l'école Utagawa, tout d'abord en temps qu'élève. Lorsque son maître Toyohiro meurt, Hiroshige devenu très doué reprend alors la direction de l'atelier.

Le temple Benzaiten Shrine et l'étang d'Inokashira sous la neige.

Hokusai l'ayant quelque peu devancé sur la voie du succès grâce à ses "Vues célèbres", Hiroshige, qui avait déjà travaillé perspective et paysage, va s'y consacrer pleinement, donnant lieu à quelques milliers d'estampes organisées en plusieurs séries, dont les plus connues sont "Les 53 Stations du Tokaido" et les "Cent Vues d'Edo".

Le pont Taiko et la colline Yushi à Meguro.

Ces planches se caractérisent notamment par leur aspect relativement doux et paisible comparé à celles d'Hokusai, ainsi que par leurs associations lumineuses de superbes couleurs,

Le temple Kinryuzan à Azakusa.

Hiroshige se plaisant à fixer humblement l'atmosphère des lieux qu'il traversait au fur et à mesure de ses déplacements,

Moriyama.

tel un poète contemplatif.

Yoshida.

Sachant aussi bien saisir l'immensité d'une ville que le quotidien plus intime de ses habitants, il recevait parfois des commandes spécifiques pour illustrer des légendes ou des haïkus:

Chushingura, acte 4.

il reprenait dans ce cas les thèmes traditionnels des jolies femmes (bijin-ga) ou du théâtre kabuki (yakusha-e) mais avec une mise en scène précise, qui rendait compte des détails et des volumes comme chez aucun de ses prédécesseurs.

Cerisier en fleurs au-dessus de la Sumida.

Dans ses paysages, il créait souvent une profondeur étonnante à l'aide d'un premier plan extrêmement proche matérialisé par un arbre, une maison ou tout autre objet imposant, et d'un arrière plan très lointain, avec souvent, le Fuji à l'horizon.

Le pont de Yatsumi.

Cet effet nous donne ainsi l'impression de rentrer dans les lieux représentés, qui semblent devenir, l'espace d'un instant, la réalité pour nos sens.

Paysage de Naruto dans la province d'Awa.

Hiroshige avait également une grande capacité à saisir le moment présent, aussi fugace soit-il,

Averse soudaine sur le pont Ohashi à Atake.

ce qui contribuait tout autant à rendre ces estampes si vivantes.

Vue du Mont Fuji chez Satta dans la baie de Suruga.

Composantes principales de la géographie japonaise, la montagne et la mer l'inspirent,

Les tourbillons de Naruto dans la province d'Awa.

et si ses vagues sont un peu moins connues que celles d'Hokusai, elles n'en demeurent pas moins expressives.

Lune au-dessus d'une cascade.

Tandis que ses condisciples représentent souvent les esprits des lieux ou des songes par des monstres ou des chimères typiquement nippons, Hiroshige préfère subtilement les laisser transparaître à travers des scènes au décor et aux protagonistes tout ce qu'il y a de plus réaliste, jouant seulement sur l'éclairage.

Renards de feu dans la nuit du Nouvel An sous l'arbre Enoki près d'oji.

Enfin, Hiroshige contribua, avec Hokusai, à élever le paysage (fukei-ga) mais aussi les fleurs et animaux (kacho-ga) au même rang que les autres thèmes de l'ukiyo-e:

Lune, hirondelles et fleurs de pêcher.

petites fleurs, oiseaux,

Couple de canards mandarins.

poissons,

Carpe koï.

ou même crustacés, voilà toute la faune et la flore du quotidien minutieusement observées au fil des saisons, des récoltes et de la pêche,

Écrevisse et crevettes.

laissant deviner le goût d'Hiroshige pour les repas des auberges puisque c'était, paraît-il, un bon vivant...

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