dimanche 17 avril 2011

Le Vrai Meuble Japonais


Comme je l'écrivais dans l'un de mes précédents posts, "Illusion d'un tokonoma", la maison japonaise comporte très peu de mobilier: placards et étagères sont en effet très souvent solidaires des murs de l'intérieur.
Bien entendu, traditionnellement, pas de lit, seulement un futon (matelas) que l'on replie quand on doit le remplacer par la table basse nécessaire aux activités de la journée. Restent donc les tatamis, au sol, et des petits meubles, comme les supports pour bonsaï ou ikebana, les zabutons (coussins-sièges) ainsi que les tansus (buffets, coffres ou commodes) sans oublier l'élément le plus ancien du foyer nippon, le bien nommé "kotatsu", qui vieux de six cent ans, s'est vu perfectionné il y a quelques décennies par une chaufferette électrique.
N'ayant presque pas eu l'occasion jusque-là d'approcher des meubles japonais authentiques de près, je n'ai pas pu résister à venir voir les pièces présentées dans le show-room du Vrai Meuble Japonais, entreprise qui m'avait déjà laissé une impression agréable au centre franco-japonais où elle avait exposé la semaine d'avant.


Une après-midi ensoleillée, je découvre donc le show-room, situé dans un immeuble art déco aux lignes sobres mais sûres; et puis mon regard se fixe sur les meubles, "neufs" mais dont l'aspect reflète un travail artisanal particulièrement soigné. Chacun représente un artisan et sa région, avec ses particularités et ses méthodes, ses goûts, ses motifs et ses matériaux. Les laques "urushi" sont sublimes, d'une rare finesse (non seulement c'est lisse comme un miroir mais en plus on sent toute la qualité du produit étalé par des mains expertes).





Pour commencer, "entrée" en matière avec la ligne Konomi, ensemble d'éléments "modulaires" à tiroirs de belle facture pouvant être assemblés en petits ou grands escaliers ou encore installés seuls, au gré des envies... Une ornementation simple composée d'un vernis marron et de ferrures argentées offre la possibilité des les marier à de nombreuses ambiances afin d'ajouter une touche exotique à son intérieur.






Ensuite petit rappel historique avec un tansu ancien, en deux parties superposables: datant des prémices de l'Ère Meïji, il présente une façade d'un acajou profond rehaussé de ferrures (complètes et d'origine) laquées de noir. Les panneaux, ouverts, laissent découvrir une couleur de laque plus claire car protégée de la lumière. Les tiroirs parfaitement ajustés, permettent, de par leur proportions, de ranger convenablement ses kimonos. Ils sont également bruts sur toutes leurs faces latérales et intérieures. L'ensemble, d'aspect très médiéval, offre un beau témoignage de ce que devait utiliser un samouraï pour ranger ses affaires, autant chez lui qu'en voyage, puisque des poignées latérales permettent en effet de le transporter plus facilement.



Mais attention: qui dit meuble ancien dit colle de poisson, assemblages sensibles et bois fragile aux changements d'humidité et de température notamment. Il n'en n'est pas moins un magnifique buffet plein de charme et chargé d'histoire... Le vrai meuble japonais propose ainsi quelques pièces de collection issues de partenaires antiquaires de confiance. Il est également possible de lancer une recherche selon des critères plus précis.









Le deuxième meuble, plus étroit, est un concept de tansu pour kimono astucieusement modernisé par le fournisseur pour une utilisation quotidienne dans un appartement d'aujourd'hui, quel que soit le style de ce dernier. Sa laque, d'un vert profond mais lumineux contraste joliment avec les pivoines de laiton gris ornant la façade. Il s'agit d'une teinte très appréciée par les japonais mais relativement récente: la couleur verte ne fut en effet maîtrisée pour la laque que vers les années 1950. Composé de trois tiroirs, d'un rangement avec étagère s'ouvrant par deux portes et d'un creux pour la "boîte à secrets", ce meuble peu encombrant saura séduire par son originalité raffinée...

Juste à côté, la commode Sendaï impose le respect par sa majesté (les meubles japonais traditionnels atteignent rarement cette taille) mais plus encore par la couleur "Sakura" (cerisier) de sa laque d'un rose pâle à couper le souffle! Là aussi, il s'agit d'une teinte "récente", dont la "recette" n'est connue que depuis près de cinquante ans seulement. Pour autant, et ce malgré l'extrême difficulté à obtenir un tel éclaircissement, elle est parfaitement lisse et unie. Marque typiquement nippone d'un luxe voulu "discret", la laque épaisse rend invisible le bois utilisé pour la façade, qui est bien en keyaki (orme japonais) tandis que la structure et le fond du meuble sont en kiri (paulownia), comme le veut la tradition. Deux essences d'arbres sélectionnées pour leur résistance aux contraintes, à l'humidité et aux changements de saison. Ce modèle, conçu à l'origine pour ranger les katanas (sabres), kimonos et documents importants d'une riche famille de samouraïs, conserve les dimensions propres à cet usage, également très pratiques pour y ranger vêtements fragiles, bijoux ou contrats...



Le quatrième meuble, d'une taille un peu plus modeste, présente une belle laque rouge foncé, une des couleurs les plus anciennes utilisées au Japon avec le noir. Il s'agit d'une commode pour ranger ses kimonos à l'abri de la poussière, de l'humidité et de la lumière: elle possède, comme toutes les autres d'ailleurs, des tiroirs impeccablement ajustés, au millimètre près. Elle offre par ailleurs une façade asymétrique intéressante sur le plan esthétique.
 



A droite, un petit buffet bas permet d'y installer son ordinateur ou sa télévision ainsi que les appareils qui vont avec (magnétoscope, lecteurs DVD, fils, etc) grâce à deux grandes cases ouvertes devant et derrière. Deux tiroirs serviront à ranger à l'abri de la poussière notices et télécommandes. En laque "essuyée", les surfaces extérieures laissent entrevoir et sentir les fines veines du keyaki.

Enfin, l'originalité de la dernière commode tient dans ses... roulettes, qui en font un meuble pratique puisque déplaçable sans le vider, une caractéristique très appréciée par les japonais. Sa laque, tirant sur l'acajou, est semi-essuyée, à mi-chemin entre l'effet miroir et la veinure apparente...


Détails:

Ferrure au chrysanthème.

Dessus couvert d'un obi brodé.















Teintes et aspects traditionnels de la laque:
Échantillons des types de laque les plus utilisées au Japon: 
de gauche à droite: acajou finition "miroir", acajou "essuyé", noir et rouge "miroir".




A l'heure du thé...

Mais n'oublions pas le plus surprenant pour l'Europe, qui est aussi le plus typique au Japon: le kotatsu!
Voilà une table basse qui saura être douillette même en hiver, grâce à sa couette et à son système chauffant électrique incorporés... Si, si, ce confort qui vous faisait peut-être envie à chaque fois que vous regardiez des films présentant les habitudes de la famille japonaise sera bientôt disponible dans sa version luxe et sécurisée!! Avec une table en bois verni issu d'anciens tonneaux d'un très fameux whisky nippon, un tapis, une couette et sa housse de coton fabriquée à Kyoto sans oublier une chaufferette électrique (tests de sécurités en cours)...





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