LA SOIE
Elle fait partie des textiles fabriqués à partir de fibres naturelles, avec la laine, le lin, le chanvre et le coton. Elle est d’origine animale, comme la laine.
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Arc-en-ciel de couleurs, soies unies et à motifs. |
HISTOIRE
La
soie a probablement été découverte en Chine (ou peut-être en Inde?), vers 2500-3000 avant J.C. D’après la légende, ce serait Xi Lingshi, la femme de l’empereur Hoang Ti qui, prenant le thé à l’ombre d’un mûrier, aurait déroulé en voulant l’attraper un cocon de
lépidoptère tombé dans sa tasse. L’élevage des chenilles se développa rapidement pour satisfaire les exigences de la cour impériale. Un décret empêcha pendant plusieurs centaines d’années que ce secret soit divulgué, punissant de mort ceux qui oseraient transmettre ce savoir jalousement gardé!
Les marchands pouvaient cependant s’en procurer pour la revendre très cher en Europe et dans les pays Orientaux, ce prix comprenant entre autres les risques d’un tel voyage. En effet, ce qui allait bientôt devenir la célèbre “
Route de la soie” était un périple de plus de cinq ans (sur terre puis sur mer) dans des contrées souvent peu hospitalières et où les pillards n’étaient pas rares.
Mais ce parcours permettait aussi de nombreux échanges commerciaux et culturels entre les diverses civilisations. À cause de cet éloignement et de ce monopole exercé si longtemps par les Chinois, seule l’Antiquité tardive (aux environs du 2ème siècle avant JC) connaîtra l'usage de la soie. Perses, Grecs et Romains s’offriront souvent à prix d’or le précieux textile. Le terme “soie” vient d’ailleurs du mot “Sères” (grec”serikos”/latin sericus), employé pour désigner un peuple de Chine.
La production européenne ne commencera à se développer qu'à partir de la seconde moitié du 6ème siècle après JC. On raconte que ce serait grâce à la ruse de deux moines du Mont Athos, qui auraient dissimulé des petits "vers à soie" dans leurs cannes de bambou creuses lors d’un voyage effectué en Asie pour l’empereur byzantin Justinien.
Le principal essor de cette industrie aura lieu de la fin du Moyen-Âge au milieu du 19ème siècle en Italie puis en France où le tissage sera constamment amélioré et perfectionné au
fil du temps. Elle atteint son apogée vers 1830-1850,
Lyon demeurant jusqu'à cette époque la capitale occidentale de la soie depuis le 16ème siècle grâce au travail des
canuts (voir documents ici:
http://emmanuellewaechter.blogspot.com/2012/01/lyons-silk-canuts.html).
A la fin du 19ème siècle, l'industrie européenne connaît un fort déclin, dû aux épidémies, au lancement des premières fibres synthétiques ainsi qu'à la création du Canal de Suez, facilitant le trajet de la soie asiatique en Occident. Ainsi, le coût du transport diminuant et la main d’œuvre chinoise restant bon marché, les rapports s’inversent, et ce sont de nouveau les pays d'Asie qui concentrent la production mondiale de la soie. Et le Japon y tiendra une place très importante pendant plusieurs décennies, exportant de grandes quantités de soie grège.
Aujourd’hui, la soie est un luxe “rare” car elle représente moins d’1% de la production de l’ensemble des textiles de la planète, sans compter que l’Asie (c'est à dire surtout la Chine) propose principalement des produits finis. La soie de qualité supérieure reste très prisée par la haute couture.
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Mousseline de soie vert amande brodée à la main. |
FABRICATION
Elle se fait généralement à partir d’un insecte, le
bombyx du mûrier, sorte de joli papillon blanc et duveteux. L’animal, comme la plupart des lépidoptères, connaît trois phases de développement: la chenille (larve) grandit en quelques semaines pour former une chrysalide en fils de soie “grège”(encore gluante) de couleur écrue et de ce cocon sort au bout de plusieurs heures un papillon flambant neuf.
La fabrication consiste à élever ces insectes jusqu’à leur stade de chrysalide, enrouler les fils très fins sur des bobines puis en assembler plusieurs pour qu’ils deviennent plus résistants et les monter en étoffe plus ou moins large (plus de détails ici:
sériciculture, dans la magnanerie).
Aujourd'hui, on se tourne peu à peu vers une solution plus éthique, déjà pratiquée depuis longtemps dans certaines ashrams en Inde, qui permet d'utiliser les cocons vides, c'est à dire en laissant vivre et s'échapper la chenille devenue papillon. Plus d'informations ici:
http://blog.upfactory.com/2009/07/09/251-que-la-force-soit-dans-la-soie.
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Pongé (voir plus bas) de soie or. |
CARACTÉRISTIQUES
C’est un tissu composé principalement de protéines, à grande capacité d'absorption de l’humidité (jusqu’à 30% de son poids en eau!), plus ou moins souple, connu pour son aspect lustré et sa douceur, variables selon le tissage. Sa brillance naturelle est due à la section triangulaire des fibres à travers lesquelles la lumière passe comme dans un prisme. Il est fin, très résistant (enfin ça dépend de la qualité), et isolant (frais en été, chaud en hiver). Son prix varie en fonction de son grammage (épaisseur, densité): plus ce dernier est élevé, plus le métrage sera cher.
TYPES DE TISSAGE
Parfois, même couturiers et vendeurs se trompent ou alors font un "raccourci" de langage et nomment une matière par un type de tissage. Exemple: on peut répondre à votre question “en quelle matière est ce ruban?” par “en satin”, ce qui ne vous dit pas s’il s’agit de soie ou de polyester. Idem pour l’organza. D’où l’utilité de savoir reconnaître les fibres et leur organisation spatiale.
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Mousseline plissée: ici ses ridules bleues forment un océan... de soie. |
Les plus répandus:
tissu épais, très irrégulier car formé à partir de fibres courtes issues des déchets de filature.
toile rehaussée de fils d’or ou d’argent, incorporés dès le tissage de l’étoffe, grâce à une navette supplémentaire. Ce n’est donc pas une broderie même si ça y ressemble.
(latin cripus, frisé) tissu fin, léger, et de surface ondulée voire rugueuse.
Damassé:
(de
Damas) même principe que pour le brocart mais avec des fils de soie.
Lavée:
la soie dite "lavée" a subi un traitement spécial qui lui retire son brillant. A le même aspect que le revers d'un satin.
(de “mohair”): étoffe assez rigide aux reflets changeants.
voile léger, transparent, très finement gaufré et granuleux, d’où son toucher rêche.
tissu rigide, plus ou moins transparent (mailles larges). L’organdi est une toile, l’organza est plus fin.
(origine: Turquie) soie épaisse à grosses côtes tramées sur coton.
“poils” de soie coupés montés sur trame de coton ou de viscose (il est d'ailleurs très regrettable que le velours actuel ne contienne presque toujours que des fibres synthétiques!).
tissu lisse, léger, et brillant. Un peu translucide. Utilisé comme doublure.
tissu uni, brillant souple et solide mais craint tout objet ou ongle pointu qui accroche facilement ses fils et laisse une trace irréparable sur la surface "miroir" de ce type de soie.
la soie dite “sauvage” est raide, plus ou moins brillante et irrégulière. Épaisse, elle est souvent utilisée pour la confection de rideaux. Sa version plus fine sert à fabriquer des vestes, robes de mariage ou sacs.
tissage en diagonale.
toile fine, tissage très serré, un peu mat. Aspect de la soie sauvage.
mélange quasi équilibré de soie et de coton. Lisse, brillant, doux, un peu mou, il est une spécialité de l’Inde.
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Paons en brocard de métal doré incorporé à la soie d'un sari indien. |
Autres types:
avec les déchets de cocons. N’est presque plus fabriquée.
(hindi) étoffe gaufrée de soie ou coton.
tissu fin, brillant, coloré et froissé selon une très ancienne technique japonaise.
étoffe épaisse et très irrégulière obtenue à partir de fibres partiellement usagées (d’anciens kimonos).
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Shibori de soie rouge vif. |
COMMENT RECONNAÎTRE LA SOIE
Bien sûr, on peut faire le test de la flamme:
Sinon, voici une autre méthode (par tâtonnement), beaucoup plus subtile et faisant appel à notre sensibilité tactile: comment différencier la soie...
du polyester:
celui-ci est généralement plus rêche, plus rigide et les fibres sont beaucoup plus régulières. Le croisement des fils est toujours à géométrie parfaite (angles droits). La brillance est souvent moindre (sauf satin) et s’il a été beaucoup porté, il a tendance à diffuser les odeurs de transpiration. Pour toutes ces raisons, il peut agresser les peaux délicates.
de l’élasthane:
cette matière est plus élastique, et moins agréable au toucher. Elle est parfois ajoutée (en proportion de 5 à 10% de la masse totale) à la soie pour lui donner plus de ressort.
de la viscose ou soie synthétique:
(dont sont composées rayonne et fibranne) obtenue chimiquement à partir de cellulose (pâte de bois), ses fils ont tendance à être plus réguliers et un peu moins résistants. Peut exceptionnellement provoquer de légères rougeurs sur les peaux fragiles, mais pas aussi fortes que le polyester.
de la laine:
la laine se reconnaît, au toucher, aux petits poils presque invisibles et frisés qui dépassent de l’étoffe proprement dite.
du lin:
le lin est solide mais pas très doux. Il a un quadrillage assez gros et irrégulier. S’il n’est pas lavé délicatement, il peut “feutrer”.
du coton:
le coton a un quadrillage régulier, facilement reconnaissable, tout comme son toucher, doux mais “cotonneux”. Il a tendance à “feutrer” un peu à l’usage. Le tissage peut être très serré. Les fils sont fins mais assez rigides ou alors au contraire très mous.
L’aptitude à reconnaître les différents types de tissus vient avec l’expérience. De plus mieux vaut aller tester son “toucher” régulièrement car de nouvelles techniques de fabrication apparaissent constamment sur le marché...
UTILISATIONS DE LA SOIE:
Bien sûr, il existe de nombreux vêtements et accessoires réalisés dans ce tissu: robes, vestes, jupes, pantalons, chaussettes, chaussures, chaussons, ceintures, lingerie, kimonos, rubans, barrettes, chouchous, pochettes, sacs...
Ce textile est aussi très agréable comme tissu d’ameublement pour les rideaux, voilages, coussins, tapis, draps, couette ou même dessus de lit.
AUTRES USAGES:
Pour fabriquer le “
papier de soie”, on récupère diverses chutes de filature. Ce papier très fin et très agréable à manipuler permet de créer de jolis emballages colorés ou non, ainsi que des figurines selon la technique des origamis (art du pliage issu du Japon). Plus épais, il peut servir de support pour l'écriture ou la peinture, comme le tissu.
Les protéines de soie sont encore réduites en poudre pour les cosmétiques (soins pour les cheveux, la peau...).
La soie est également employée pour les
cordes de certains instruments de musique...
ENTRETIEN:
La soie est solide mais délicate, aussi faut-il agir avec douceur!
Lavage:
En machine ou éventuellement à la main (et dans certains cas nettoyage à sec: couettes, robes de cérémonie, manteaux...), toujours selon les couleurs (bleu et/ou vert, jaune, orange, rouge, marron, noir, blanc, chacune séparément). S'ils n'ont pas de tache, placer les vêtements ou les coupons dans des
filets (comme celui-ci:
http://www.darjeeling.fr/pochon1x2cfg69950x2an), afin d'éviter que les parties métalliques internes du tambour n'accrochent (ou usent) la fibre. Employer une lessive bio (moins agressive) spéciale laine et soie. Pour ne pas "cuire" la soie, la laver à moins de 30°C, l'idéal se situant entre 20 et 25°C. Choisir le programme "soie" ou à défaut, "délicat".
Séchage:
Essorage 600 tours maximum. Utiliser ensuite un séchoir étendoir (pas la machine) et bien faire attention que les fils ne se prennent pas dans les extrémités des tiges du support.
Repassage:
Mettre le bouton du fer sur "soie" ou "synthétique", ainsi l'eau n'est pas trop chaude et la soie ne sera pas "brûlée". Vérifier qu'il y a assez d'eau. Mieux vaut passer souvent que de laisser trop longtemps le fer sur le tissu. Si vous n'êtes pas à l'aise, repassez sur l'envers, ça laisse moins de traces, ce qui d'ailleurs est indispensable pour le velours.
Taches:
Les éviter dans la mesure du possible, en étant "soigneux" (mais si, ça se cultive). Sinon:
Ne jamais laver à la machine ni même repasser une soie sale directement, sous peine de "fixer" les taches!! Procéder d'abord suivant cette méthode basique mais plutôt efficace:
1. rincer la tache à l'eau froide au plus vite (plus on attend, moins on a de chance de la voir partir). Peut venir à bout des salissures les plus légères. Si vous n'avez pas de lessive sous la main (au restaurant, à l'hôtel...), un savon peut dépanner... Dans le cas contraire:
2. c'est souvent une tache grasse et/ou organique (huile, nourriture...), donc mettre un peu de lessive dessus et frotter très doucement le tissu sur lui-même
3. rincer abondamment à l'eau tiède (moins de 30°C)
4. faire tremper l'ensemble du vêtement dans de l'eau tiède avec un peu de lessive pendant une heure.
5. rincer à nouveau, essorer un peu et glisser dans un filet, le tout dans la machine à laver.
Stockage:
Presque comme tout autre textile: endroit sec, à l'abri de la lumière et des nuisibles (insectes, rongeurs...). La soie se froissant et prenant facilement le pli, il est préférable de la ranger bien repassée dans le placard.
Note:
concernant le satin:
il ne faut jamais frotter le satin de soie car ses reflets trahiraient la moindre "maltraitance", laissant apparaître des traces blanchâtres aux endroits où on a insisté pour enlever une tache... En cas d'hésitation, mieux vaut dans ce cas confier le vêtement à un teinturier sûr et sérieux.
concernant la mousseline:
La mousseline a tendance à rétrécir au lavage! En effet, vous pouvez perdre entre 10 et 15% de la longueur du métrage initial. Il est donc important de prendre cet élément en compte lors de votre achat quel que soit votre projet et pour l'entretenir, de la laver à l'eau froide (moins de 20°C).