mercredi 30 mai 2012

Rêves de laque, le Japon de Shibata Zeshin




Si vous vous rendez au musée Cernuschi prochainement, je vous recommande l'exposition "Rêves de laque": 70 œuvres signées du célèbre maître laqueur Shibata Zeshin, bien mises en valeur, y révèlent toute leur splendeur. Boîtes, petits accessoires, inrôs, bols, plateaux, paravents et peintures sur soie, chaque objet dans sa perfection et son raffinement suscite l'émerveillement... et nous transporte au Pays du Soleil Levant, en plein 19ème siècle.

Shibata Zeshin (1807-1891), fils d'une famille de charpentiers, apprend l'art de la laque dès 11 ans, auprès d'un des plus grands maîtres d'Edo ayant servi les shoguns. Plus tard, il décide de compléter sa formation chez des peintres de l'école réaliste. A partir de 1840, il met au point de nouvelles techniques de laquage: enduit à motif de vague préparé avec un peigne et de l'amidon, laques imitant le bronze, le bois de rose ou la céramique à la perfection (vraiment incroyable!), peinture de laque (urushi-e) sur soie et papier... Des méthodes novatrices, uniques, particulièrement longues et difficiles à mettre en œuvre.

Shibata Zeshin a vécu la première partie de sa vie dans un Japon ancien, encore dominé par les samouraïs, et se devait donc d'obéir à des commandes très strictes. Mais en 1868, la période Edo prend fin pour laisser place à l'ère Meiji, à un pouvoir impérial et à une modernisation doublée d'une ouverture sur le reste du monde. Il devient alors plus facile pour les artistes de renouveler les savoir-faire et les styles ancestraux. 

Les innovations de Shibata Zeshin seront ainsi appréciées au Japon et aussi lors des Expositions universelles de Paris, Vienne et Philadelphie. Récoltant de nombreux prix, il reste prisé des collectionneurs du monde entier, à commencer par l'Allemand Samuel Bing, à l'origine de l'Art Nouveau. Les pièces présentées dans l'exposition font partie de la collection Catherine et Thomas Edson (San Antonio Museum of Art).

La laque est issue de la sève de l'arbre à laque, urushi no ki (Rhus vernicifera), récoltée puis filtrée, raffinée et colorée. Ensuite, on l'étale sur un support en bois, cuir ou céramique par couches fines successives séchées et poncées une par une très méticuleusement. Lors de l'application, du séchage et du ponçage, la température et l'humidité jouent un rôle essentiel en raison de la composition chimique de la laque urushi, qui sèche uniquement à 25-30 C° et à une hygrométrie de 75 à 80%. Ce procédé serait appliqué depuis environ 9000 ans au Japon, lieu de son invention.

Les décors sont réalisés en déposant de la poudre d'or ou d'argent (motif maki-e, "éparpillé"). Il existe aussi la technique "chinkin", consistant à entailler la laque déjà appliquée et à y incorporer une feuille métallique poncée par la suite, laissant apparaître les creux minuscules couleur or sur fond noir. Autre ornement possible: les fines incrustations de nacre, appelée "raden".. Pour fixer ces délicats rajouts, on applique alors encore plusieurs couches de laque à peine perceptibles, qu'on ponce une par une, à l'aide d'un charbon.

Puisqu'on parle de laque urushi, de maki-e et de raden, voici un lien vers Plume et bille, un magasin parisien proposant notamment à la vente de sublimes stylos Namiki recouverts à l'aide de ces méthodes:
Et pour ceux qui voudraient découvrir le site nippon, le voici:
Note: en cas d'achat d'un objet si précieux, se rappeler d'éviter à tout prix de lui faire subir des changements violents de température et d'humidité!
Plus d'informations sur l'exposition ici:

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