mardi 1 octobre 2013

Alaïa

Affiche de l'exposition.

Couturier hors norme ayant su cultiver son indépendance autant que sa discrétion, Azzedine Alaïa est aujourd'hui un des rares grands créateurs qui maîtrise l'ensemble des étapes de fabrication d'un modèle, du patron à la coupe en passant par le surfilage. Vêtu le plus souvent du costume traditionnel chinois bleu indigo ou noir à col Mao, ce génie du sur-mesure aux multiples facettes étonne, surprend, mais reste toujours d'une élégance incroyable.
 
Inspirées par les plissés de Mme Grès, par l'histoire de la mode, mais aussi beaucoup par l'Afrique (Alaïa est né à Tunis), ses collections, dont certaines des plus belles pièces sont exposées en ce moment au Musée Galliera, affirment une ligne sobre, avant-gardiste et souvent ethnique taillée à même le cuir, le stretch ou la laine, telle une seconde peau.
 
Fermetures éclairs (les fameux "zip") en biais, vestes monumentales très eighties couvertes de petits coquillages exotiques ou robes longues plus classiques en mousseline de soie fumée, chaque création est ainsi idéalement mise en valeur grâce à un éclairage ciblé et des mannequins transparents découpés par endroits suivant la forme des vêtements, supports qui disparaissent alors à la vue comme par magie.
 
Quelques modèles d'exception (par leurs dimensions et le travail peu commun qu'ils ont nécessité) sont présentés au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris situé juste en face à l'intérieur du Palais de Tokyo, dans la spacieuse salle Matisse, leur noir contrastant agréablement avec les couleurs lumineuses des œuvres du peintre et la blancheur de la pièce. Cette disposition originale rend compte de cette façon du caractère sculptural des réalisations d'Alaïa, subtile réminiscence de l’École des Beaux Arts de Tunis qu'il fréquenta à ses débuts.
 
Aujourd'hui le couturier continue de créer, toujours chez lui, dans son atelier, mais à son rythme, puisqu'il décida dès 1987 de ne plus suivre le calendrier officiel de la Haute Couture parisienne. En ceci également il est unique: c'est en effet le seul à avoir osé refuser la frénésie imposée d'un renouveau perpétuel. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir du succès! Une manière d'éviter tout gaspillage, de résister à l'aspect trop éphémère et peu qualitatif de la société de consommation...


Azzedine Alaïa, comme semi-enveloppé dans l'un de ses modèles.

Site du musée Galliera:
http://palaisgalliera.paris.fr/expositions/alaia

 Site du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris:
http://www.mam.paris.fr/

Site du créateur (en construction):
http://www.alaia.fr/

2 commentaires:

  1. Merci pour ce texte qui est d'une tonalité très sensible, fort juste, et qui parvient à faire ressentir toute l'âme et l'esthétique de l'artiste créateur A.A
    son intemporalité aussi, la femme amphore , quelle belle métaphore sur la photo où tous les deux semblent être sensuellement drapés pour faire naître la beauté...
    le texte donne envie également d'aller découvrir les expositions des modèles hors du commun, à la fois très sobres, très années 80
    et encore d'avant garde pour certains...

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  2. Et... merci pour le commentaire! C'est une belle conclusion!

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